« C’est la dernière ligne droite ».
C’est sur ces mots que s’est ouverte l’année des terminales du bac pro GMNF « Gestion des Milieux Naturels et de la Faune ». Après deux premières semaines intenses de remise dans le bain, ponctuées par un voyage de 2 jours en Haute-Loire pour assister au brame du cerf, les gestionnaires de la nature en herbe sont partis pour leur voyage technique annuel d’une semaine, en Ardèche, sur le plateau de Montselgues.
En plus des chantiers-écoles habituels d’une journée (chaque semaine pour chaque classe de bac pro GMNF), les semaines techniques sont des temps forts qui permettent un travail pluridisciplinaire et une pédagogie intense qui mélange les connaissances théoriques et les savoir-faire. Quoi de mieux pour ce dernier voyage technique que d’emmener les élèves en plein cœur d’une zone naturelle d’exception, intégrée au réseau Natura 2000 pour un chantier de conservation de haute volée ?
La tourbière des Narcettes, sur le plateau ardéchois, fait partie d’un réseau de tourbières que les hommes ont contribué à façonner au fil des siècles. Les habitants du plateau et des alentours cherchaient à maitriser l’eau, ressource indispensable pour l’agriculture et les hommes vivant sous climat méditerranéen. Les tourbières permettaient au troupeau de pâturer toutefois la déprise agricole des dernières années ainsi que la plantation de résineux ont contribué à la dégradation de ce milieu.
Ces tourbières sont pourtant un réservoir phénoménal de biodiversité où l’on peut observer une nature unique et précieuse. A titre d’exemple, on y trouve des espèces fragiles comme le papillon azuré des mouillères qui ne pond ses œufs que sur une seule fleur : La gentiane pneumonanthe. Après éclosion, les larves du papillon sont même transportées un temps à l’intérieur de fourmilières par les fourmis : Une symbiose à trois espèces !
On trouve aussi au sein de la tourbière le hérisson des sables, une herbe rare. Ou encore la fameuse droséra, une des rares plantes carnivores de France.
Milieu naturel unique (écologie), protection européenne du site (contexte), besoin de conservation (gestion de milieux), intervention technique nécessaire : Tous les ingrédients sont réunis pour faire intervenir les bac pro GMNF de la Petite Gonthière et lier le savoir scientifique et technique.
Afin d’éviter l’assèchement de la tourbière, il était nécessaire de stopper les coulées d’eau érosives qui s’en échappaient. Il était aussi nécessaire de filtrer l'eau sableuse qui arrivait en amont de la piste forestière adjacente
Conviée par son partenaire historique gérant du site, le Conservatoire des Espaces Naturels Rhône-Alpes, la MFR a pu proposer une solution technique relevant de son domaine d’excellence : Le génie végétal. Ainsi, une technique combinée de double-tressages et de seuils a été prévue pour briser la force des coulées d’eau et favoriser la resédimentation des talwegs par lesquels la tourbière se vidait.
Mode d'emploi du double-tressage en 6 étapes
Durant 5 jours, les élèves de Terminale ont donc pu renforcer leurs compétences techniques, déjà étoffées par leurs stages en alternance. Encadrés par 3 de leurs formateurs, ils ont appris ces techniques avancées du génie écologique, travaillant en alternance sur les tressages et les seuils. Un pied à l'étrier pour certains Terminales qui envisagent par la suite une Spécialisation en Génie Végétal.
Pour une promotion en fin de cycle, cet ultime voyage technique vient compléter leur voyage dans le Vercors (2nde) orienté sur les techniques d’abattage et celui en Camargue (1ère) à la découverte de l’agropastoralisme en zone protégée et d’un milieu méditerranéen.
Mais la formation des Terminales n’est pas achevée : Ils disposeront encore d’un an de chantiers-écoles en parallèle des heures de cours. L’année sera aussi placée sur la finalisation du projet post-bac entre professionnalisation, spécialisation technique et poursuite d’études. Cependant, cette dernière semaine technique vient finaliser l'autonomie et la cohésion d'un groupe déjà largement soudé !