7 heures du matin, 5°C dehors...C'est une heure où l'enseignant classique déjeune au chaud, un tas de copies griffonnées au stylo rouge à côté de lui... Ou pas ! Ça peut aussi, pour un formateur de la Petite Gonthière, être l'heure où il trempe ses wadders jusqu'au nombril lorsqu'il démarre une pêche électrique avec la fédération de pêche !
Qu'est-ce qu'un enseignant fait donc en dehors de sa salle de classe à cette heure-ci et par ce froid de canard ? Ici, pas de tableau noir, pas d'heure de colle, encore moins d’estrade... Ici, syndicat de rivière et fédération de pêche accueillent avec plaisir le coup de main d’un formateur technique souhaitant entretenir ses relations avec le réseau pro, conserver sa crédibilité auprès des élèves et se frotter aux réalités du terrain régulièrement. Mettre la main à la pâte avec les professionnels du secteur de la gestion des milieux naturels et de la faune, c'est aussi être un acteur du métier, respecté dans la filière...
Que gagnent les élèves? Des cours issus directement du terrain par des formateurs qui ne souhaitent pas s'encrouter dans leur quotidien moribond : toujours la même copie, toujours les mêmes exercices, toujours les mêmes appréciations ravageuses... NON ! Chez nous, l'enseignement est la transmission de l'information en temps réel. Trop d’enseignants se laissent aller au train-train habituel, s'épuisant eux-mêmes et lassant les élèves. La Petite Gonthière a pour ambition d'être acteur de la filière professionnelle "nature" grâce à une équipe constituée d'individus qui se forment, s'informent, échangent avec les techniciens de terrain de toute la sphère environnementaliste rhônalpine.
La pêche électrique de sauvetage permet de récupérer des poissons qu'une mort certaine attendait à cause de chantiers à venir. Ici, le syndicat de rivière local souhaite détruite un seuil (cascade artificielle constituant une barrière pour la circulation des poissons). Pelleteuses et autres engins risquent de provoquer des nuages de boues fatales aux poissons. En cela, un opérateur passe avec une anode électrique dans l'eau qui attire inexorablement les poissons vers la surface. Les autres opérateurs récupèrent les poissons à l’aide d’épuisettes avec une certaine dextérité. Lorsque la zone concernée est parcourue, il s’agit de trier le poisson par espèce avant de réaliser la biométrie : là, on pèse, on mesure, on extrapole. Truite fario, chevesne, vairon, goujon, blageon, pseudorasbora, gardon, perche soleil, rotengle, loche, écrevisse… Autant d’espèces qu’il faut reconnaître pour avoir des statistiques sérieuses. Les poissons sont ensuite relâchés plusieurs kilomètres en amont afin qu’il retrouve un habitat viable et sécurisant.
Comment des enseignants de bac pro GMNF peuvent faire des cours sur ce genre sujet extrêmement pointu sans se retrouver régulièrement à réaliser ce genre de suivis scientifiques ? Comment ces mêmes enseignants peuvent être à la page, crédibles, respectés, s’ils ne sont pas au contact des nouveautés dans les protocoles de suivi ?
C’est notre force ! Nous sommes présents de façon pluri hebdomadaire sur le terrain par le biais des chantiers écoles, réalisés dans la toute la région, voire au-delà. Nous sommes présents car nous faisons l’effort d’être de véritables acteurs de terrain, impliqués personnellement et professionnellement dans la filière. Nous sommes présents car notre renommée nous permet d’être demandé pour réaliser des conférences, des formations, des séminaires, des animations…
Libre à chacun de choisir sa famille d’enseignement… Mais soyez certains que les métiers de la nature ne s’apprennent que très partiellement dans une salle de classe et que la constitution d’un réseau professionnel ne se fait que très rarement si l’on suit le sacrosaint cursus scolaire dit « général »…