"Vous êtes les artisans de la nature" : c'est le compliment d'un retraité observant le chantier terminé qui m'a laissé sans voix tant je trouve la formule pertinente ! 12 jours de chantier, deux pelles hydrauliques, un dumper, 50 mètres de passerelle en bois, environ 1000m² de frayères aménagées dans un espace préalablement déboisé et un sentier-découverte créé : en cela résident les propos flatteurs de l'octogénaire rencontré. Un chantier exceptionnel digne des entreprises de génie écologique les plus en vue du secteur.
A l'origine du projet, une municipalité extrêmement soucieuse du cadre de vie de ses administrés et une société de pêche particulièrement dynamique au coeur de la Bresse Chalonnaise. L’Etablissement Public Territorial du Bassin (EPTB) Saône et Doubs, partenaire technique du projet, a été aux sources de cette aventure, trouvant rapidement une oreille attentitive en la personne du maire lorsque le technicien a parlé de la mise en valeur de la zone humide communale.
C'est l'ensemble de notre équipe qui a su s'adapter et se mobiliser face à ce chantier d'envergure : lorsqu'il a fallu changer des cours pour s'adapter aux exigences du terrain, lorsque le directeur pédagogique s'est déplacé pour remonter le moral des troupes ou encore lorsque le secrétariat avait le rôle crucial de messager entre le formateur chef de chantier et les fournisseurs. Un marathon complexifié par une hydrologie capricieuse ayant engendré des conditions de travail parfois délicate. "C'est le Vietnam" clamaient parfois certains élèves de la formation génie végétal ! Mais pas une seule fois, ils n'ont baissé les bras, pas une seule fois ils ne se sont plaint, conscients de la mission atypique qu'ils avaient et de la précieuse expérience qu'ils engrengeaient. Peu importe les pelles hydrauliques et les dumpers embourbés, peu importe la pression du temps qui passe et des échéances qui se rapprochent : lorsque l'on regarde les résultats, on ne peut que se réjouir de s'être aventuré dans ce milieu piégeux (le sol se gorgeant d'eau de façon spéctaculaire à la moindre pluie).
D'un point de vue pédagogique, ce fut un condensé fabuleux des techniques à connaître pour l'opérateur du génie végétal : conduite de pelle en milieu sensible et création de frayères, aménagement de voies forestières en milieu humide, abattage, création de sentier, menuiserie et travail du bois pour la construction de passerelles et d'estrades de découvertes de l'écosystème aquatique. Ce chantier est très représentatif de ce que peut être le métier d'opérateur ou de chef d'équipe en génie végétal : une diversité impressionnante de missions doivent être assumées et des techniques fines doivent être maîtrisés : nos élèves ont été tour à tour menuisier, conducteur de pelle, aménageur, paysagiste, bucheron...
Nous sommes fiers de nos équipes et particulièrement de nos élèves qui, nous n'en doutons pas, auront un avenir radieux dans la filière du génie écologique : de tels talents ne resteront pas sans emploi ! Comme chaque année, ils auront tous des propositions diverses ou continueront leurs projets de formation.
Enfin, ce chantier a été brillament conclu par l'intervention de nos élèves du bac pro GMNF (gestion des milieux naturels et de la faune), qui n'ont pas hésité à se mouiller, eux-aussi, pour remettre en état les berges, ensemencer les sols et billonner les arbres restant. Il s'est agi là, d'un bel exemple pour eux de ce que peut être un chantier complet de génie écologique.
Nous souhaitons communiquer sur ce type de chantier afin de montrer que le génie végétal est un métier de spécialistes, un domaine d'excellence dans lequel il faut être à la fois volontaire, courageux mais aussi qualifié pour réagir aux caprices des éléments. C'est la diversité des compétences et l'implication de chacun qui mènent à de telles réussites.
En 2010, sortait un article sur "l'intelligence de la main"... De façon évidente, il y a encore du chemin pour faire entendre à la Société dans son ensemble qu'il ne devrait plus exister d'opposition entre "manuel" et "intellectuel" : par exemple, notre métier, en génie végétal, exige une réflexion continue mêlée à une force et une volonté indispensables.