Ecopaturage : quand les chèvres chassent herbicides et débrou'

Qu’est-ce que le génie écologique vient-il faire dans la gestion d’un « trou » destiné à récupérer les eaux d’un lotissement à la sortie d’un village ? C’est un peu ce que ce sont demandés les élèves en arrivant la première fois sur les lieux… La mission confiée par l’association syndicale du lotissement : trouver une solution économique, peu chronophage et si possible écologique pour entretenir « ce tas de broussailles » en bas du lotissement. Rapidement, les méninges ayant chauffé, une main se lève, « on ne ferait pas pâturer des bestiaux là-dedans ? ». Eclats de rires puis long silence… Le formateur, lui, ne rigolait pas ! L’idée était née. « Bon, bah on va acheter des moutons et on s’en va alors… ». Pas si simple l’ami ! Quelle espèce ? Quelle surface ? Quels objectifs ? Le groupe d’élèves a dû immédiatement plancher sur le sujet. En effet, ce module dit « projet tuteuré », vise à mettre le groupe en situation d’autonomie face à une problématique, du devis à la réalisation.

Rapidement, ce sont les chèvres naines qui font l’unanimité : l’animal est réputé pour son appétence envers les ronciers mais aussi pour son aspect ludique, ce qui n’était pas négligeable dans le contexte d’un lotissement récent habité par de nombreux couples avec enfants en bas âge : il fallait séduire le « client ». Qui dit chèvres naines dit clôtures sérieuses, cabane, ombre, abreuvage… Débats houleux, discussions à rallonges, brouillons après brouillons un projet se dessine en collaboration avec les représentants du lotissement. Un devis est produit : il sera présenté par le directeur pédagogique en assemblée générale… et banco ! Les arguments du groupe font mouche au mois de janvier.

 

Le chantier se réalise donc au mois de mars, une cabane grand luxe permettant de stocker le foin et possédant un râtelier est réalisé sur place. Un système ingénieux de récupération des eaux du toit de la cabane permettra aux chèvres de s’abreuver. L’aménagement ambitieux d’un ponton est réalisé sur ce terrain accidenté afin d’offrir une possibilité de refuge (ombrage) pour les chèvres mais aussi pour diversifier leurs milieux (ces animaux sont particulièrement joueurs). Enfin, deux micros mares temporaires sont aménagées afin de favoriser les tritons déjà présents sur le site.

Encore une fois, c’est une diversité de tâches fabuleuse qui a été réalisée par les élèves : ingénierie, menuiserie, maçonnerie (fondations des aménagements), bûcheronnage (abattage des arbres nécessaires pour le ponton), techniques agricoles (clôtures, protection des arbres, installation d’abreuvoirs, etc.). Se former à la nature, c’est se former au monde du travail en général finalement ! C’est aussi s’assurer un curriculum vitae de toute beauté !

Nous tenons, d’ailleurs, à chaleureusement féliciter ce groupe en or, qui en dépit de petites erreurs normales quand on se forme, a réalisé un travail d’une qualité exemplaire, reconnu par les copropriétaires et autres badauds intéressés par le projet.

 

En plus de libérer les copropriétaires d’une tâche dangereuse et chronophage, ce projet offre une dimension sociale et pédagogique, qui allie   de nombreux avantages :   le débroussaillage écologique et silencieux, la préservation de la biodiversité, la réduction à zéro des déchets de tonte, la réduction des émissions de gaz à effet de serre.

Les chèvres apportent au quotidien une présence calme et apaisante pour les personnes qui habitent à proximité et elles constituent une aubaine pour créer du lien social lorsque les propriétaires se rencontrent au bassin.